Un peu de théorie concernant le plus grand réseau du monde.


A la fin des années soixante et au début des années soixante-dix, le gouvernement américain a décidé de créer un réseau national permettant l'interconnexion de sites informatiques sur tout le pays. Celui-ci, nommé Arpanet, était le précurseur d'Internet. Ce réseau a servi à l'armée américaine pour faire des recherches sur la construction de réseaux presque insensibles à une destruction locale. Le grand progrès de ce réseau était de répartir les ressources sur tout le territoire plutôt que de les concentrer en un seul lieu. En cas de destruction de l'un ou l'autre des serveurs, les autres devaient être capables de prendre la relève. Pour cela, il ne fallait pas que les lignes de transmission des informations soient figées par construction. Ainsi, les données allant d'un ordinateur A à un ordinateur B pouvaient prendre plusieurs chemins différents. Si l'une des lignes était coupée pour une raison ou pour une autre, le bloc de données trouverait lui-même un nouveau trajet, et ceci, sans l'aide de l'émetteur.

Un autre avantage d'Arpanet est qu'il permettait à des ordinateurs de toutes marques de communiquer ensemble. En effet, il suffit de respecter quelques règles pour configurer le paquet d'information à émettre (l'Internet protocol, IP) pour que celui-ci arrive à bonne destination, quelque soit le type de machine émettrice et réceptrice. Ceci a d'ailleurs fait le bonheur des universités américaines et du gouvernement qui n'avait pas à spécifier à ces institutions quelles machines acheter.

Dans les années 80, de nombreux réseaux utilisant la norme IP ont commencé à prospérer. Le plus connu d'entre eux est certainement le NSFNET, crée par la National Science Fondation. Il était composé de plusieurs centres équipés de puissants ordinateurs et reliés aux universités par des lignes téléphonique ayant une bande passante de 56000 bits par seconde. Néanmoins, pour des raisons de coût, toutes les universités n'étaient pas directement reliées aux serveurs centraux mais seulement aux universités voisines. Pour atteindre les ordinateurs surpuissants de la NSF, il fallait donc faire passer le message à l'université voisines qui elle-même le transmettait à une autre université et ainsi de suite, avant d'arriver à l'ordinateur cible.

Bien sûr, les lignes utilisées sont vite arrivées à saturation et il a fallu multiplier le débit par 20 en 1987. Depuis ce temps, le nombre de lignes et le débit de celle-ci ne cessent de s'accroître pour répondre à la demande.

Aujourd'hui, Internet regroupe plus de 90 000 réseaux interconnectés dans plus de 100 pays. Le nombre de personne qui y sont reliées est assez difficile à estimer mais le chiffre de 30 millions a déjà été dépassé (ce chiffre doubles tous les ans). En France, il y aurait entre 300 000 et 500 000 personnes connectées (avec une progression de 80% par an). Quant aux nombres de sites Web (voir plus loin), il y en aurait 1 870 000 dans le monde actuellement (progression de 200% par an!).

Il est clair à la vue de ces chiffres que ce réseau est littéralement en train d'exploser... S'il ne touchait au début que les personnes ayant plus ou moins traits à l'informatique la démocratisation des ordinateurs personnels font que pratiquement tous les domaines sont concernés, amenant de plus en plus de monde à vouloir s'y connecter.


Comment est géré Internet :

Ce qui fait la force, mais aussi la faiblesse d'Internet, c'est qu'il n'a pas de directeur ou de chefs qui contrôle les informations disponibles.

En ce qui concerne l'attribution des adresses et la création de nouveaux standards, un groupe de volontaires appelés IAB (Architecture Internet Board) se réunit régulièrement et donne les indications nécessaires pour un fonctionnement correct du réseau.

Les utilisateurs d'Internet ont aussi un groupe dans lequel ils peuvent discuter des problèmes et réfléchir aux solutions possibles. Ce groupe est nommé IETF (Internet Engineering Task Force). Lorsqu'un problème parait important et qu'un nombre suffisant d'utilisateur s'y intéressent, un groupe de travail (working group) se forme. Ce groupe est ouvert à tout ceux qui veulent bien apporter leur contribution. Le résultat des recherches est publié sur Internet et peut déboucher sur la création d'un nouveau standard par le IAB.

Cette absence de contrôle des données transitant sur le globe, et le fait qu'elles peuvent être accessibles par tous ont donné naissance à un gigantesque débat (sans fin?) dénommé: faut-il censurer Internet? Vous en avez peut-être eu des échos lors de la période d'attentats à Paris où quelques journalistes ont dénoncé l'existence sur Internet de manuels de fabrication d'explosifs. Plus récemment encore, suite à des plaintes du gouvernement allemand quant au contenu sexuel de certains newsgroups, Compuserve (un grand fournisseur d'accès Internet) à décidé de censurer tous les articles plus ou moins pornographiques des news, au grand dam de ses abonnés. Les newsgroups incriminés ont en effet été supprimés pour tous les utilisateurs de Compuserve, qu'ils soient allemand ou non (pour la raison bien simple qu'il n'existe pas de frontière logicielle d'un pays à un autre; c'était donc tout ou rien).

Cela s'est passé en décembre 1995, date historique marquant la première véritable censure appliquée à Internet. Les réactions de protestations, comme de satisfactions, ont été très nombreuses, prouvant la sensibilité du sujet.

Pour situer le débat il faut préciser qu'Internet regorge en masse de données (textes, images, vidéos, etc.) à caractère hautement pornographique dont la légalité est plus que remise en cause dans certains pays. Ainsi, rien n'est plus facile que de télécharger en quelques minutes un document à caractère sexuel dont la seule possession pourrait amener à une condamnation extrêmement lourde en France. La loi étant mise de côté, de nombreux parents s'inquiètent de la facilité avec laquelle leurs enfants pourraient accéder à des données n'étant pas vraiment de leur âge...

Si ces inquiétudes et problèmes légaux sont légitimes au premier abords, la solution par le contrôle et la censure d'Internet est à mon avis totalement inadaptée et hors de proportion. Tout d'abords parce que ce serait extrêmement difficile à mettre en oeuvre, peu fiable, et que l'attrait de l'interdit motive parfois plus que le reste... Ensuite, pour les parents soucieux de l'éducation de leurs enfants, il existe des logiciels paramétrables filtrant les données indésirables. Quant aux personnes " de bonne moralité ", on pourrait leur dire qu'Internet c'est comme la télévision: on est pas obligé de regarder Canal+ les premiers samedi du mois à minuit ...

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